vendredi 18 juillet 2014

Jeudi 17 juillet - LA GRANDE MURAILLE DE GLACE


Etape du jour = 195 Kms

Ce matin, rapide petit déjeuner préparé par BB en utilisant tout ce que Cynthia a mis à notre disposition. Nous serions bien restés un peu plus avec Elle et 2 autres "guests", effectuant de la maintenance pour AT&T (le France Telecom du coin) et faisant plus de 2400 KMs chaque semaine. Les gars étaient très intéressants, de vrais "Alaskan Boys", heureux d'y vivre, appréciant l'hiver et tous les sports qui vont avec. Nous apprenons pas mal de choses sur la vie en Alaska, difficile certes mais oh combien exaltante quand on l'a choisie.
Ici, il règne vraiment un sentiment de liberté accentué par le peu de règles en vigueur, l'absence de délinquance et donc la sensation de sécurité, l'entraide naturelle mais parfois pesante des gens qui, peu nombreux, finissent par tous se connaître et trouvent chacun leur utilité pour la collectivité. 

Hier, installé sur la véranda en fin AM, j'ai vu débouler un "pick-up" depuis longtemps oublié des cotations de l'Argus, un gros poupon en débardeur dévoilant ses bras tatoués en est descendu, m'a salué d'un "hi" retentissant, puis a ouvert une glacière fixée par des sangles au plateau, s'est emparé d'une canette de bière et s'est approché de la véranda en avalant sa bière à grand trait,  en sortant son paquet de clopes, m'en adressant une et commençant à taper le bout de gras; immédiatement en apprenant que je suis français il m'informe qu'il est originaire de NYC, que son Epouse est de Thessalonique en Grèce et que sa belle soeur est d'origine Calabraise… J'hallucine, pour lui il n'y a pas plus de différence entre un français, un Grec et un Calabrais qu'entre un Gars de la Californie et un autre de l'Oregon ou du Colorado… Ici c'est un autre monde.
La route magnifique qui mène à Valdez est hélas gâchée par un lourd plafond nuageux, empêchant tout contraste et tout perspective. Pas de bol… La campagne pour l'élection du Gouverneur de l'Alaska est ouverte; ici les gens affichent leur préférence en collant une affiche sous leur boite aux lettres ou en posant des foyers sur les comptoirs des commerces. Enorme et tellement loin de chez Nous. Apparemment c'est le républicain Paul Walker qui semble avoir la préférence. Ici on est d'abord des Patriotes, les mentalités sont rudes et c'est "aide toi et le ciel t'aidera"…. Nous sommes bien loins de la mentalité "bobos" démocrates de Martha's Vineyard ou Nantucket.

 En arrivant à Valdez, nous faisons connaissance avec le team du "Lulubelle", et à 11H00 nous larguons les amarres pour une grande demi-journée en mer. 
(BB prend le relais…)


Au port et en mer, des bateaux de pêche… au saumon.  Nous assistons à leur ballet : un petit bateau annexe pose le filet, puis sert ensuite de contrepoids au bateau principal lors de remontée du filet qui peut être très lourd… Parfois les "passages" de bancs de saumons sont si importants que les ressources locales n'y suffisent pas : sont appelés à la rescousse les pêcheurs des Iles Kodiak, d'Homer, de Seward et même de Seattle !

Dans la baie, nous croisons un groupe de loutres de mer ; ces animaux adorables flottent sur le dos en jouant avec leur grandes pattes arrières palmées, roulent sur elles mêmes et se lissent le poil avant de plonger et nager à la vitesse de l'éclair ! charmant spectacle..

Le fait de trouver des loutres dans la baie de Valdez en face de l'énorme terminal pétrolier où s'arrête le grand pipeline qui transporte le brut de "Prudoe Bay" au nord pendant 1.300 Kms, est la preuve incontestable que la baie, ainsi que ses alentours sont entièrement dépollués. Les débats monstrueux de "l'Exxon Valdez" sont totalement réparés. Le traumatisme a été tel que les nombreux contrôles permanents des autorités, les engagements tenus des pétroliers ont rendu à l'Alaska sa virginité écologique. 

Un peu plus loin, le long de la cote, des hordes de lions de mer reposent sur la plage et les rochers, à la recherche d'un éphémère rayon de soleil, cherchant querelle aux autres mâles à l'occasion ou bien comptant fleurette à une belle endormie…

sur un morceau de falaise, des macareux au bec si particulier font un gracieux balai. Dédicace spéciale Eric et Bonnie… leur oiseau fétiche.

Quelques queues de baleines apparaissent, nous rappelant que c'est une zone de prédilection pour les baleines à bosse et  les orques. Rien de colossale, elles restent discrètes, pas de sauts majestueux hors de l'eau comme au Mozambique malheureusement.
(Hub reprend…Déjà!!)
La navigation se poursuit dans la baie du Prince William aux côtes réellement déchiquetées, aux montagnes recouvertes de résineux qui plongent directement dans l'océan et pénétrons dans la "Columbia bay". L'horizon vers l'intérieur de la baie et parsemé de blocs de glace et la température ambiante chute brutalement en dessous de 0°. En approchant des icebergs émiettés et éparpillés, le Lulu belle réduits sa vitesse et tente de se trouver un chenal à travers ces milliers de blocs de glace qui protégent le Glacier Columbia comme une ceinture d'astéroïdes interdisant l'accés; ultime devoir ou ultime gratitude envers la  grande muraille qui leur a rendu une liberté éphémère. 
Nous avançons au pas pour ne pas heurter de front les "gardiens de glace", changeons parfois de cap lorsque la glace, trop compacte, se referme. Enfin après quelques tâtonnements nous y sommes et contemplons dans la brume qui s'est un peu dévoilée une véritable MERVEILLE DE LA NATURE.

Le glacier Columbia long de 51 Kms pousse sa gigantesque muraille d'un kilomètre dans la baie. Ce mur de glace à l'intérieur bleuté (à cause des bulles d'air emprisonnées dans la glace), échancré par des immenses crevasses est un champ chaotique impénétrable, un maelström déchiqueté rigide qui craque sourdement et qui abandonne des pans entiers dans la baie. La glace chute dans un bruit de tonnerre dans les eaux vertes laiteuses de la baie. Cette couleur si particulière due à la fonte des glaces que les argentins appellent "la dulce de glaciar".
Le Lulu Belle fait demi tour, tente de ressortir sans heurts de "la mer de glace" qui s'est peu à peu reformée. Et comme un diamant qui rayerait d'un trait unique un miroir, le Lulu Belle glisse sur le fjord qu'aucune vague ne trouble. 
Nous avons vécu un instant unique et somptueux, il n'a manqué qu'un petit rayon de lumière pour permettre à la Grande Muraille de glace d'étinceler dans sa splendeur séculaire.


3 commentaires:

  1. Voila, vous me narrer l’Alaska comme je la concevais, a travers mes encyclopédies, et National Geographic ...Mes émissions sur les chercheurs d'or, les pêcheurs, les pilotes de lignes, www.natgeotv.com/fr/ailes-alaska , bref encore un beau récit loin du marasme des informations, entre guerre en Palestine et le drame de la malaysian airlines.....La photo des deux bateaux de pêche me fait un peu penser à bubba gump...C'est pas dans le bayou, certes mais il y a un air...et puis un peu d'iceberg par 40 à l'ombre en ville à BJ ça rafraîchit.. Lol Bizzzous les chéris. Fred

    RépondreSupprimer
  2. Magnifiques paysages et nous sommes ravis de constater que vous en profitez bien.Peut-être avez vous pu vous payer une partie de pêche au saumon??
    Nous vous faisons plein de bisous!!!
    Arlette et Henri

    RépondreSupprimer
  3. Il semblerait qu'on ait 10 heures de décalage horaire??
    Si c'est le cas, bon appétit, bonne soirée et bonne nuit....

    A demainnnnnnnnnnnn

    RépondreSupprimer