mardi 5 août 2014

DAWSON CITY OU LA RUEE VERS L'OR

Samedi 2 Août
(le 5 aout, une improbable connexion aux abords de Dease Lake ;-)
Etape du jour = 245 Kms


Je reviens sur la fin de l'étape de hier, achevée sur une piste rendue boueuse par la pluie incessante; cette même piste qu'il nous faut reprendre pendant 190 Kms pour rallier Dawson City dans le Yukon.
Nous avions réservé un chalet dans le seul endroit possible entre TOK en Alaska et Dawson au Yukon : le camp de Chicken. Quelques baraquements vétustes, avec au milieu en décor, une ancienne drague aurifère. Quelques chalets, dont le Nôtre, éparpillés sur un grand espace boueux et sordide sur lequel s'alignent comme au champ de tir des RV de toutes tailles. Le couple de tenanciers, des descendants d'orpailleurs, antipathiques au possible qui nous précisent que notre "baraque" est à dache, qu'il n'y a aucune commodité à l'intérieur, que les gogues sont les 2 minuscules "cabanes de pêcheur" qui servent à tout le monde et que les douches et lavabos sont ce petit baraquement branlant et suintant situé à 150 mètres du chalet…

Evidemment pas de glace pour l'apéro ni de congélateur pour les "ice packs", ben non on dirait que c'est la première fois que des touristes t'en font la demande Ducon…. 
Bon allez, de toutes façons nous n'avions pas le choix, et puis le temps désespérant m'a certainement un peu poussé dans mon rejet de ce "trou du cul du monde". 
Au petit matin la pluie toujours présente a transformé le parking et les tristes alentours de trempés à plus que boueux…
Dans un diner proche, nous trouvons auprès de la Patronne un chaleureux sourire, avant qu'elle nous confectionne 3 plantureuses assiettes.

BB raconte "La rencontre de jour" :
3 hommes entrent au café ou j'attend Hubert et Aurélien… on blague sur le café que je leur "aurait préparé" ; je discute 5 minutes avec "Texas" gars buriné portant fièrement un blouson brodé "Texas". On voit tout de suite que nous avons à faire avec des hommes "de terrain" ; en fait ce sont des chercheurs d'or… comme avant…. trop drôle (on sent l'ame d'explorateur, presque de vagabond, Texas a 7 enfants, il est déjà arrière grand-père et pourtant toujours en mouvement sur les routes américaines et la course aux rêves d'aventures entre hommes !  3 copains baroudeurs, qui ont fait tous les métiers et qui ont ici acheté une "claim" c'est à dire une concession ; ils draguent comme au début du siècle les lits des rivières avec une grosse machine dont la technologie date des années 20 (cette machine, type la Drague historique N°4 que nous visiterons un peu plus tard dans la journée). Barbus, burinés, ils ont mille histoires à raconter et nous regrettons de les quitter si vite, route oblige… petite photo souvenir de ce moment à contre-temps… et nous les laissons à leur copieux petit déjeuner.
Hub reprend : Bon, faut quand même y aller, nos amis orpailleurs et la Patronne de la gargotte nous rassure sur l'état de la route que nous allons emprunter: très boueuse et glissante, mais ça passe car pas d'ornières ou d'effondrement qui la rendrait dangereuse.


Effectivement, piste rendue sévère par la pluie, piste boueuse et glissante, totalement détrempée par endroits. Une piste qui prend rapidement de l'altitude, surplombant des rivières et des vallons qui auraient pu être magnifiques en d'autres circonstances. La route est nommée "Top Of the world" et en arrivant à un sommet nous nous apercevons que nous roulons sur la crète d'une chaîne de moyenne altitude. Ensuite jusqu'à ce que nous entamions la descente sur la vallée du Yukon, nous resterons sur des lignes de crètes.
Nous passons la frontière sur une crète autour d'un paysage qui ressemble à s'y méprendre à la chaine des volcans en Auvergne, en bien plus grand cependant. Voila nous quittons l'Alaska, le 49ème état, The Last Frontier,  qui nous a offert tant d'émotions pendant ces 3 semaines, pour revenir dans le Yukon.
Dans le Yukon nous retrouvons les distances et les vitesses autorisées en Kms et toutes les indications sont dans les 2 langues.


Par contre nous gardons le même mauvais temps, la même pluie incessante et la même piste boueuse pendant les 170 Kms pour rejoindre Dawson City. Au bord du Yukon (mon Yukon…), un bac nous fait traverser le fleuve déjà large et nous débarquons dans une ville de cinéma, comme si toutes les façades d'immeubles n'étaient que des décors de studio en carton pâte. Si ce n'étaient les Picks-up et 4X4 garés, nous pourrions imaginer avoir fait un bond en arrière.
Un retour au début du 20ème siècle, justement à Dawson là où tout a commencé dans un affluent du Yukon : le Kondike. Un homme a trouvé de l'or dans le sable de la rivière, puis d'autres, et la nouvelle s'est répandue comme une trainée de poudre dans le monde entier. 



 Ici nous sommes donc au coeur de la Ruée vers l'or, le "Klondike". Guidés par leurs rêves fous et armés de leur courage et de leur persévérance, des hommes et des femmes se sont aventurés dans cette région isolée qu’ils ont transformée en véritable eldorado. Avant même que des dragues massives commencent à broyer les vallées, ces chercheurs d’or ont déployé des efforts surhumains dans de rudes conditions climatiques. 

Pour arriver à Dawson d'Europe ou des 4 coins de l'Amérique, il leur aura fallu braver des dangers extrêmes, dans des conditions déjà épouvantables que la pauvreté et le peu de matériel de la plupart de ces aventuriers auront accentué. 

Tous arrivèrent par bateau à Skagway, puis à pied ou à dos de mules et après en train pour les plus riches, il fallait franchir la "Chilkoot Pass" pour pénétrer dans la vallée du Yukon. Devant l'afflux massif de gens inexpérimentés aux dangers de la vie dans ces régions hostiles, les autorités canadiennes exigèrent que chacun parte avec un an au moins de subsistance. Sur les chemins de fortune, les immigrants étaient souvent détroussés et assassinés par des bandits de grand chemin; ceux qui arrivaient enfin à Whitehorse, avaient encore 550 Kms de nature hostile et impénétrable à franchir. 

La seule voie la plus pratique était la voie fluviale qu'offrait le Yukon, navigable sur pratiquement toute sa longueur. Les Gars embarquaient tout leur matos et leur vivres sur des radeaux en rondins, construits pendant l'hiver, frêles et inappropriés esquifs qui chaviraient régulièrement dans les eaux glacées du grand fleuve.


Enfin, les "élus" parvenaient à Dawson, commençaient immédiatement quelques fouilles et, en cas de réussite, obtenaient leur "claim" (concession). Ensuite pendant tous les mois d'été, au moyen d'outils rudimentaires, ils s'échinaient à creuser le lit de la rivière, à tamiser des tonnes et des tonnes de terre gravillonnée, s''emparant de temps en temps de quelques poussières ou grammes du précieux métal. Nous avons rencontré de ces chercheurs miséreux à Madagascar et ce n'est hélas jamais eux qui font fortune.

On estime à plus de 100.000 personnes qui ont tout abandonné et réuni leur maigres biens pour suivre le rêve d'une vie meilleure, dans une aventure à la limite de l'impossible; de ce nombre seuls 4000 chercheurs ont gagné suffisamment pour rester et développer leur exploitation. Les autres, écoeurés, vidés, ruinés, ont revendu pour une bouchée de pain leur concession aux Compagnies minières qui, elles, ont fait fortune. 

Au Klondike, les rêveurs et les créateurs ont littéralement déplacé les montagnes pour trouver le riche gravier aurifère qui y était caché. Mais comme à Madagascar, déplacer des montagnes ou les réduire en poudre ne rend hélas pas riche…. Et, les plus malins qui ont fait fortune étaient ceux qui vendaient aux chercheurs d'or un produit ou un service dont ils ne pouvaient se passer : alcool, matériel, outillage, nourriture, prostituées….

(Dans l'article suivant je reviendrai sur l'absorption de la vallée aurifère par 2 compagnies, la visite de la drague 4 et QQ infos supplémentaires sur la Ruée vers l'or qui s'est définitivement achevé avec l'arrêt de la dernière drague en 1969….) 

Ce soir, mon Fils à Moi et que j'aime tant et Mézigues laissons "Maman" au motel et allons nous "encanailler" au "Diamond Tooth Gerties", le Saloon le plus célèbre du Klondike. 
Poker pour l'Aurel, French Cancan pour Moi et bière du Yukon pour "both".


3 commentaires:

  1. Que de pluie ! Une rencontre dec des chercheurs d'or, ça ça vaut de l'or ! Rencontre inattendue et pittoresque ! A la vue de l'état de la voiture, vous avez brassé beaucoup de poussière ! Et yeah ! les hommes sont allés au Saloon, ça aussi c'est pittoresque ! salut chez passagers du vent, bisous

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  2. Extra. Je me suis régalé. Babou cette rencontre avec ces trois "gueules" je suis fan!!!!! Oui, this is Alsaka!! Pas mal les danseuses.... <3 Ben mes cochons!!! lol. Merci mes cœurs ce post très riche en enseignements... Mais quelle partie de ce monde..............!!! <3

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  3. Ps: Ca donne quoi la bière du Yukon Hubert?? Aurel a raflé la mise?? Sur la tof de l'embarquement, tu risques pas de te faire flasher en France avec la plaque dans cet état!!! lol! did you see any "States Troopers" J'ai beau être retiré de l'affaire je me renseigne sur le comportement de mes frères d'armes... ;)

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