AU DELA DU CERCLE ARCTIQUE

Jeudi 31 Juillet

L'étape à Coldfoot fut "amusante"; le genre arrêt obligatoire pour routiers et aventuriers en total rejet des bienfaits de la civilisation!!! Mais comme partout dans ce pays tout le monde vous sourie, cherche à vous aider ou tout simplement veut taper le "bout de gras" avec Vous; c'est vrai que des français dans ce Trou perdu, le long d'une piste perdue au bout de tout, ça donne un petit goût exotique.

Au petit matin, le beau ciel bleu a fait place à nouveau aux nuages lourds; pour rejoindre le "Coldfoot Camp" et prendre notre breakfast, nous traversons l'immense parking en terre encore humide, noyé de "trucks" qui ont passé la nuit.

   

Hier sur la Dalton Hway, l'essentiel du trafic tenait à ces monstrueux camions dont certaines remorques doublées possèdent jusqu'à 28 roues. Beaucoup sont des "oversize" et se croiser sur cette piste étroite devient souvent périlleux. Tous se "tapent" dans les deux sens, les 800 Kms de route (dont les 2/3 sur de la piste) entre Fairbanks et Prudoe Bay. Tous sont animés par la même passion de la Route et de l'aventure. Car rouler sur la Dalton ce n'est peut-être pas "le salaire de la peur", mais c'est autre chose que l'autoroute du soleil !!!

Et nous ne sommes qu'en été…. Imaginez cette piste laborieuse en hiver par -30 ou -40°, qd la neige et la glace recouvrent tout l'horizon et que les limites de la piste disparaissent, qd ravins et remblais se confondent derrière les congères, qd le brouillard efface tout point de repère et surtout qd la nuit, l'interminable nuit de 19H00 chaque jour éteint  tous les espoirs d'achever l'étape plus rapidement. Entre Fairbanks et Prudhoe Bay, il n'y a qu'un arrêt possible : Coldfoot. Sans doute beaucoup de Truckers" vaincus par l'hiver doivent dormir dans leur cabine…

En hiver les accidents, souvent graves, deviennent plus fréquents; une seconde de déconcentration et c'est la remorque qui glisse dans le ravin abrupt, entraînant avec elle tout l'attelage. Qd aux secours, il faut être patient. Tous ont avec eux une balise portative de détresse. Encore faut-il pouvoir la déclencher… Pour beaucoup de Potes la Route s'achèvera brutalement au coeur de cette nature tant aimée, que l'hiver aura rendue particulièrement hostile.

Les Gars d'ici sont les vrais routiers d'antan, capables de réparer leur camion entièrement, tous solidaires entre eux, communiquant par CB , s'attendant dans les "pass" difficiles, pour ne pas risquer de se croiser et rendre une descente ou un virage périlleux. Tous ceux que nous avons croisé nous ont salué, même lorsque arrêtés nous faisions des photos. Il règne sur la Dalton l'ambiance des épopées d'antan; à l'instar des "grumiers ", transportant des dizaines de tonnes de billes de bois en Afrique dans les années 60 et 70, la route extrêmement pénible et ardue, devient chaleureuse et se partage dans l'entraide et l'amitié. 

Attablés entre eux devant une plantureuse assiette de graisse et sucres lents, les "truckers" vous invitent dans la "confrérie" et nous racontent leurs anecdotes, les "where do you come from et les Enjoy your trip" nous habillent d'un bout de leur vie. 

Ici comme avant, c'est encore et toujours sur la Route que nous faisons les rencontres les plus marquantes. Cette Route que nous leur empruntons rien qu'un moment, afin de ressentir nous aussi l'appel de l'ailleurs. Nous partageons le même idéal = la Route le plus loin possible. Nous ne sommes pas ici par hasard et comme tous ceux la nous avons voulu respirer un moment de liberté, débarrassés du carcan des règles de notre monde "civilisé" bien au delà du CERCLE ARCTIQUE.

En quittant Coldfoot nous reprenons la Dalton pour le Cercle Arctique; arrêt obligatoire sur la "fameuse latitude", qui comme les 2 tropiques et la ligne de l'Equateur, est toujours un moment d'émotion, qui nous ramène à nos cours de géographie, qd des professeurs passionnés (ça existe!!!) faisaient miroiter d'envie nos yeux d'enfants devant des globes terrestres. Ce désir enfoui en Nous,  d'aller un jour dans des endroits qui pour beaucoup seraient sans intérêt, remontent à cette enfance où nos rêves n'étaient pas virtuels, ni imaginés par un quelconque programmeur….

La route reprend jusqu'au fleuve Yukon, au bord duquel nous pique-niquons. Bon vous avez compris qu'une émotion encore particulière m'étreint en le dévorant des yeux. Faut me comprendre, j'en ai tellement rêvé de ce Fleuve, je l'ai tellement imaginé… On n'oublie rien et nos pas de demain se sont décidés hier… Réaliser un rêve, si futile soit-il, m'apporte toujours un bonheur jubilatoire.

Après le Yukon nous retrouvons le goudron, et rejoignons Fairbanks à travers les forêts boréales, sillonnées de ruisseaux et rivières.

Il est 20H00 qd nous arrivons au "Best Western" de Fairbanks, où le Grand Garçon nous attend. Il est 20H00 qd enfin dans nos bras impatients nous nous serrons tellement heureux d'être de nouveaux réunis.